Pour une fois, je vais pouvoir parler de ce que je connais. Un apéro géant saucisson pinard a été organisé sur facebook dans le quartier de la Goutte d'Or pour lutter contre... heu... les gens qui... enfin, heu... la relig... enfin, contre les Noirs et les Arabes quoi, pour présenter les choses plus simplement.
En voici le libellé :
• Parce que La Goutte d'Or tire son nom du vin blanc qu'on y produisait
(Oui, super, et alors ?)
• Parce que la rue Myrha et d'autres artères du quartier sont occupées, particulièrement le vendredi, par des adversaires résolus de nos vins de terroir et de nos produits charcutiers (Vous voulez dire des musulmans ? Alors dites-le, nom de Dieu !)
• Parce que la nécessité de la lutte contre l'alcoolisme, mise en évidence par Emile Zola, qui avait situé à La Goutte d'Or son célèbre roman L'Assomoir, ne doit pas conduire à une solution aussi extrémiste que la prohibition (Qu'est-ce que vient foutre Zola là-dedans ? + Il manque un m à Assomoir.)
(...) La date de l'apéro géant « Saucisson et pinard à La Goutte d'Or ! » sera fixée ultérieurement, dès que nous serons assez nombreux pour rendre à ce quartier son âme populaire l'espace de cet événement.
Il se trouve que j'habite juste à côté de la Goutte d'Or, à moins de 300 m, que j'aime beaucoup le saucisson et encore plus le pinard. J'ajoute que je n'aime pas l'Islam. Ni le christianisme, ni le judaïsme, ni tous les autres attrapes-couillons du monde - à part comme faits historiques. Pourtant, un petit je-ne-sais-quoi fait que je ne saurais souscrire à ce genre de manifestation du "terroir".
La première raison, c'est que le sentiment qui m'envahit lorsque je me trouve dans une rue "occupée" par des croyants prosternés est un sentiment de pitié pour tous ces idio... heu... gens qui se retrouvent, faute de place, à faire leur prière dans la rue. Comment se fait-il qu'ils n'aient pas de lieu de culte suffisamment grand pour les accueillir tous ? Ce n'est pas parce qu'on croit au père Noël qu'on doit le prier sous la pluie. C'est une question de dignité. Il faut apprendre à respecter la bêtise des autres comme si c'était la sienne.
La deuxième, c'est qu'on peut picoler partout dans le quartier, j'en suis la preuve bourrée. Et si jamais, un patron refusait de me servir en pinard, il me suffirait de faire vingt mètres pour en trouver un autre. Quand au saucisson, je ne sais pas : je n'en bois pas.
La troisième, c'est que pour rendre son âme populaire à la Goutte d'or, il faudrait d'abord qu'elle l'ait perdue. Et si ce quartier-là n'est pas populaire, je veux bien porter la burqa.
La quatrième, c'est que les trois quarts (à la louche !) des musulmans - y compris ceux qui vont à la mosquée - du quartier picolent autant que tout le monde. Je sais, je surveille.
Donc, les raisons qui ont motivés l'organisation de cet apéro ne sont pas celles qui sont mentionnées plus haut. J'en déduis donc que c'est bien de pinard et de saucisson qu'il s'agit, mais à l'autre extrémité du système digestif.