(publié sur le site de Global-Mag)
Cette année, j’ai bien sauvé la planète : je mérite des vacances. Neuf mois d’écologie, cinq semaines de congés payés, ça me semble un bon compromis. L’écologie, hein, ça va bien cinq minutes ! Elle ne se repose jamais, celle-là ? Elle milite au Medef, ou quoi ?
En puis, même si tous les records d’émission de CO2 ont été battus en 2010, au moins, moi, ça ne sera pas de ma faute : j’aurai la « catastrophe tranquille », si vous me passez l’expression.
D’ailleurs, je me demande bien pourquoi je continue à faire des efforts. J'ai parfaitement le droit de saccager gaiement mon bout de planète personnel après tout, mmh ? Je n'ai rien envie de léguer à « nos enfants », moi ! Tous des ingrats.
C'est pour ça que je prendrais bien l’avion, cet été. Un petit tour aux Seychelles pour profiter du merveilleux spectacle des trucs qui vivent sous l’eau, là, ça me plairait. Surtout qu’il faut se dépêcher, hein : aux Seychelles, ils vont bientôt avoir vraiment les pieds dans l’eau. Comme dirait mon beau frère : « aux Seychelles, y sont pas près de sécher ». Il est con mon beauf mais on se fend bien la gueule. D’autant qu’avec le corail qui étouffe et les poissons qui rechignent à survivre, c’est bientôt la dernière séance du grand spectacle. Ça m’embêterait que mes futurs gamins me reprochent - ces ingrats - de ne pas en avoir profité quand il était temps. Bon, je m’en fous un peu des poissons mais faut reconnaître : c’est joli et c'est bon.
Il faut que je parte de France, en tout cas : si la sécheresse continue, quelque chose me dit qu’on ne va pas trop rigoler. Il ne manquerait plus qu’une centrale nucléaire se mette à manquer d’eau froide et paf ! C’est que c’est fragile, ces bestioles, c’est jamais content : trop d’eau, ça pète, pas assez, ça risque de péter aussi.
Et puis il y aura peut-être une canicule, en plus de la sécheresse. Le climat pourrait quand même nous laisser le temps de nous habituer, merde ! Le moment où tous les étés seront caniculaires viendra bien assez tôt. Et puis franchement, il est obtus, le climat. Pourquoi ne veut-il pas négocier ? On fait des efforts mais à condition qu’il en fasse aussi. On coupe la poire en deux.
Bon, on rigole, on rigole mais c’est pas tout ça : on est sur le site de Global Mag, quand même, faut être un peu sérieux. Nous, écologistes, sommes des gens concernés. Il faut qu’on soit fidèle à notre réputation : un écologiste, ça n’a pas d’humour. D’ailleurs, l’humour vert, ça n’existe pas. Probablement parce qu’il vire au noir tout de suite.
Bon allez, bonnes vacances (quand même).
Eric la Blanche
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PS : en fait, si, je connais une blague écolo : C’est une planète rouge qui rencontre une planète bleue, quelque part, dans l’univers. La planète bleue se plaint :
- Je ne sais pas ce que j’ai en ce moment, ça ne va pas bien, je crois que j’ai de la fièvre.
- Tu as dû attraper l’humanité, lui répond la planète rouge
- Et c’est grave ?
- Non, t’inquiète, je l'ai déjà eue : ça disparaît tout seul.